jeudi 28 mars 2013

Critique Argo


Argo
























« Inspiré de faits réels », cette mention est toujours à double tranchants. On peut se retrouver avec un film de bonne qualité ou alors un navet qui l'utilise pour se vendre. Ici, la mention est associée à notre réalisateur/belle gueule préférée, j'ai nommé Ben Affleck (Gone Baby Gone, The Town). On se retrouve donc avec la version cinématographique d'une opération de la CIA tenue secrète jusqu'en 2000 où elle est rendue publique par Tony Mendez qui publie « Master of Disguise » qui raconte l'opération. C'est les producteurs que sont George Clooney et Grant Eslov qui se rendent compte du potentiel de l'histoire et qui confient le projet à Ben Affleck. Au niveau du casting on se retrouve avec Bryan Cranston (Total Recall, Breaking Bad), John Goodman (Flight, The Artist) ou Alan Arkin (Little Miss Sunshine). Avec notamment 3 oscars, on peut attendre du très bon de ce film, mais quand est-il après visionnage ?


En 1979, pendant la révolution iranienne, l'ambassade est pris d'assaut par la population. 52 employés de l'ambassade sont pris en otage, alors que 6 de leurs collègues avaient prévu le coup et réussirent à s'échapper quelques minutes avant la prise d'otage. Ils se réfugient chez l'ambassadeur du Canada qui est leur seul allié à Téhéran. La CIA et le gouvernement américain sont informés de la situation, mais décident de ne rien faire et d'attendre la fin de la prise d'otage. Après plusieurs mois, la prise d'otage n'étant pas terminée, la CIA décide de faire appel à Tony Mendez, agent spécialisé dans l'exfiltration, pour rapatrier les 6 américains vivants chez l'ambassadeur, pour éviter qu'ils soient découvert et tués. Il monte donc un plan improbable pour faire quitter le pays aux 6 américains, sans qu'ils soient démasqués.


Ben Affleck est ici très bon dans son rôle de Tony Mendez et on sent son implication. Pour les autres acteurs c'est aussi du tout bon. On appréciera la ressemblance entre les différents acteurs choisis et les personnes réelles qui ont vécue l'histoire, ressemblance bluffante (visible pendant le générique avec des comparaisons à des photos d'époque). La ressemblance physique des personnages n'est pas le seul point fort renforçant l'immersion dans les années 70. On retrouve donc des personnages aux looks tous plus 70's que les autres et l'immersion est totale avec tous les appareils et voitures qui respectent à la lettre les codes de cette époque. De plus, certaines scènes sont tournées avec des caméras spéciales pour donner un effet images d'archives et il faut dire que ça rend parfaitement bien. Le film ne se centre pas sur la prise d'otage en tant que telle, elle reste plutôt discrète et en toile de fond, mais sur le sort des 6 fugitifs. Le scénario est très bien écrit, rendant les faits réels surement plus cinématographiques, sans pour autant leur donner un effet trop hollywoodien (même si en elle-même l'histoire de base l'est un peu). L'histoire étant réelle cela donne un caché supplémentaire au film, un supplément d'âme. On ne s'empêchera pas de tiquer devant les scènes « juste à temps » typiques pour ajouter de la pression, mais au final on sort impressionné de l'idée de Tony Mendez pour faire sortir les américains du territoire. Ben Affleck maitrise son métier de réalisateur, après deux premiers films très réussis démontre une fois de plus qu'il est très appliqué et intelligent. Le film est une véritable surprise, je m'attendais pas à être happé par l'intrigue et au final vouloir autant connaître le fin mot de l'histoire.


En conclusion, Argo est un très bon film, qui s'appuie sur une histoire vraie impressionnante et très cinématographique, mais aussi sur un Ben Affleck qui démontre encore plus qu'il a sa place parmi les réalisateurs sur qui compter. En somme, à voir.
Note : 8/10

vendredi 15 mars 2013

Critique Cloud Atlas


Cloud Atlas























Projet titanesque s'il en est, l'adaptation du best-seller de David Mitchell « Cloud Atlas » ne pouvait être donné à n'importe quel réalisateur à cause de son extrême complexité. Ce n'est pas un, ni deux, mais bien trois réalisateurs qui s'attellent donc à la mise en place de ce projet. Dans un premier temps, on présentera les inénarrables Wachowski à qui l'on doit la trilogie Matrix notamment. L'adaptation de Cloud Atlas au cinéma est leur idée et ils sont épaulés par Tom Tykwer qui a fait Le Parfum notamment. La particularité du roman est de se dérouler sur 6 périodes distinctes, ce qui annonce un tournage long et chaotique. C'est pourquoi le tournage a été divisé et deux équipes formées pour tourner le film deux fois plus rapidement, sans quoi il aurait fallu beaucoup plus de temps. Au niveau du casting, la production a fait fort avec des stars à la pelle : Tom Hanks (Da Vinci Code), Halle Berry (X-Men), Jim Broadbent (Harry Potter), Hugo Weaving (Matrix) et encore plein d'autres avec notamment Hugh Grant, Ben Whishaw,... Autant dire que le casting est plus qu'impressionnant. Je ne cache pas mon attente de voir le nouveau film des Wachowski après le mauvais Speed Racer, voir de quelle façon ils allaient se rattraper. Alors nouveau chef-d'oeuvre ou ratage en règle ?


Cloud Atlas nous fait suivre 6 histoires à différentes époques avec différentes réincarnations de mêmes personnes qui restent liées au cours du temps et des vies. Chose que je ne fais jamais, mais à cause de la complexité du synopsis je vais me contenter de copier celui d'allociné qui est très vague et ne spoilera pas. À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d'une vie à l'autre, naissant et renaissant successivement... Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l'avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.


Je ne peux faire comme à mon habitude et je ne parlerais pas des performances individuelles de chaque acteur à cause de leur trop grand nombre ici. Je me contenterais d'une appréciation globale qui est plus que satisfaisante. Tous les acteurs sont impliqués et jouent très bien, qu'ils soient « gentils » ou « méchant » selon les époques. La structure du film et des époques fait que les acteurs ne développent pas le même jeu sur chaque période, on aura plus un jeu intimiste dans une époque, plus thriller dans une autre et plus science fiction dans une autre. Mais dans chaque situation les acteurs sont à fond et sont crédibles.

Visuellement, le film est une véritable invitation au voyage. Voyage justement lors de la première époque, en 1849, où une bonne partie de l'époque se passe sur un bateau. Les costumes sont très crédibles et les décors bien réalisés. La 2ème époque, en 1936, qui est la mieux retranscrite je trouve. La partie en 1973 est très bien retranscrite et on est très bien plongé dans l'époque avec les tenues et les voitures notamment, tout autant que dans Argo je trouve par exemple. 2012 est peu exploitée et visuellement rien de spécifique à dire, alors que l'époque de 2144 est très impressionnante. Elle possède un aspect visuel, au niveau des décors, assez proche de Blade Runner notamment ou plus récemment le remake de Total Recall. Enfin la dernière période 2321 est très paradisiaque et vraiment très dépaysante. On a donc une scission entre chaque époque, avec chacune une identité visuelle forte et différente de l'autre. On retrouve la patte Wachowski avec quelques ralentis bien sentit et dans l'ensemble des plans très bien filmés. Le visuel est clairement un des points forts du film, globalement, il fourmille de détails et nous transporte littéralement tout du long.

Les musiques sont vraiment magiques. Tom Tykwer, en plus d'être le co-réalisateur est le co-compositeur. On peut dire qu'il fait mouche avec des partitions orchestrales splendides qui tissent un lien musical entre les différentes époques. De plus, une des forces du film est d'intégrer les musiques au scénario et c'est très intéressant.

Scénaristiquement, on se retrouve directement jeté dans le grand bain. Dans le premier quart d'heure, on a déjà eu à faire à l'ensemble (ou presque) des personnages du film, soit une bonne trentaine. On ne comprend pas les contextes de chaque époque. C'est pour moi le défaut du film, le scénario est tellement complexe que si on ne s'accroche pas un minimum au début on est très (trop) vite lâché. Après, on apprend sur le tas et on essaye d'assimiler une tonne d'informations et de personnages à retenir. D'autant plus que les époques s'enchaînent et s'entrecoupent, on passe donc de l'une à l'autre et il faut savoir à jongler avec les différents rôles des personnages. A ce niveau, le film est une véritable réussite, c'est un plaisir et un jeu de retrouver et reconnaître chacun des acteurs à chaque époque.

Le scénario est une réussite, car il pousse à réfléchir sur la réincarnation notamment. Les personnages sont liés entre eux entre les différentes époques, même s'ils n'ont pas les mêmes rapports. En plus de la réincarnation, le film traite de nombreux autres sujets dont l'amour qui est le plus récurrent. Je pense qu'il me faudra une seconde vision du film pour comprendre tous les tenants et aboutissants, mais je peux déjà dire que pour moi il s'agit d'un grand film. Alors certes la profusion de personnages, époques, détails tue un peu le tout, mais si on arrive à s'y retrouver le film se laisse suivre, nous pousse à réfléchir et surtout nous fait voyager.

Les différentes époques se valent, même si chacun aura ses préférences (pour moi ce sera 1936 avec l'histoire la plus intéressante et les audaces visuelles les plus poussées). MAIS et c'est un gros mais, je trouve que le tout manque de liant, de consistance. Quand le film finit on se dit « Tout ça pour ça ? », alors oui à la fin on a pas le détail qui fait qu'on se rend compte que tout est lié et que chaque choix est important. On remarquera surtout un gros lien entre les 2 époques dans le futur, mais pour le reste, à part quelques références, les liens sont très discrets. C'est vraiment dommage et c'est là que j'attendais le film, en plus de nous présenter une galerie de personnages et d'époques intéressantes, j'aurais aimé une connexion qui aurait donné un sens au tout.


Pour finir, on a vraiment la tête dans les nuages (jeu de mot) tout du long et on est porté par des images magnifiques et une musique parfaite. Les 2h40 du film se font un peu sentir par moment, même si dans l'ensemble ça passe très vite et on s'en souvient comme d'un rêve, magnifique, doux, tordu, mais on est sûr qu'il nous marquera. Pas parfait, mais sans aucun doute un excellent film.
Note : 8.5/10

mardi 12 mars 2013

Critique Jason Bourne L'héritage


Jason Bourne l'Héritage























Déjà 4ème épisode de la série des Jason Bourne, ce qui était prévisible vu l'excellent succès des 3 précédents films au box office. Mais exit ici l'adaptation de romans, les scénaristes ont inventé une toute nouvelle histoire. On peut parler de la fin d'un cycle, la fin de Jason Bourne qui ici prête seulement son nom au film pour être vendeur alors qu'il n'est que très peu question de lui dans le film. On dit au revoir au réalisateur des deux précédents volets et bonjour à Tony Gilroy à qui l'on doit Michael Clayton et Duplicity. On ne garde rien de la trilogie initiale donc cela signifie nouveau casting avec en tête d'affiche Jeremy Renner (Avengers, Démineurs), mais aussi Rachel Weisz (Lovely Bones, The Fountain) et Edward Norton (Moonrise Kingdom, L'incroyable Hulk). Donc suite efficace ou suite ratée juste là pour faire des bénéfices ?


Outcome est un programme qui est né de Treadstone, le programme auquel appartenait Jason Bourne. Outcome comprend en tout 6 agents dont Aaron Cross. Contrairement à Treadstone, le but d'Outcome n'est pas de façonner des tueurs, mais des agents capablent de réussir des missions très difficiles. Jason Bourne a compromis les agents d'Outcome, le gouvernement décide donc de mettre à un terme au programme en liquidant tous les agents. Aaron Cross arrive à survivre et est bien décidé à comprendre pourquoi on cherche à le tuer et découvrira ensuite les activités qui se cachent derrière le programme...


Jeremy Renner est ici relativement bon même si un rôle comme celui-ci ne demande pas de talent particulier si ce n'est une certaine forme physique. Edward Norton est quant à lui vraiment bon en méchant directeur de programme et plutôt charismatique. On va commencer avec les rares bons points de cette nouvelle itération cinématographique de la saga Jason Bourne, c'est-à-dire les scènes d'action : elles sont efficaces et très lisibles. A ce niveau c'est agréable à regarder. De façon général le film est bien dirigé par Tony Gilroy qui nous pond un film d'action visuellement propre. Le film se veut donc très réussi niveau divertissement et ne peine pas à se hisser au niveau des autres blockbusters d'action. Mais là où il pèche, c'est au niveau du scénario. Comme je l'ai dis précédemment, on est en face à un nouveau scénario et plus une adaptation de livre et ça se sens. Le scénario part très vite n'importe où, avec des manipulations génétiques pour obtenir de super espions et en multipliant les programmes et les détails pas forcément limpides. J'ai trouvé l'ensemble très brouillon et au final très convenu (le héros doit se faire injecter un virus qui pourrait le tuer, mais bon tout va bien au final). C'est dommage, pour une fois je sentais que les scénaristes on voulu se creuser un peu plus le cerveau pour nous sortir quelque chose d'un peu différent dans le monde des films d'action, mais au final on a l'impression de se retrouver avec un film d'action réussi, mais avec un scénario qui se veut intelligent alors qu'en fait non. Je ne sais pas bien comment mieux expliquer mon ressenti sur ce film. Rien de plus à dire, il s'agit d'un film au final très banal qu'on verra un dimanche soir pour ne plus s'en rappeler le lendemain matin. Mais on ne peut s'empêcher de penser que son titre est juste là pour attirer un public qui n'aurait surement pas été au rendez-vous s'il s'agissait d'une nouvelle franchise (même si le film actuel fait vaguement référence aux films précédents).


En conclusion, pas un mauvais film, mais un film d'une banalité navrante. On retiendra juste quelques scènes d'action plutôt sympathiques et un scénario presque réussi, mais seulement presque. Dommage.
Note : 5/10

dimanche 3 mars 2013

Critique Monsters


Monsters



Monsters est le premier film du réalisateur Gareth Edwards. Qui dit premier film, dit aussi tout petit budget. Projet très ambitieux que de vouloir s'attaquer aux films de monstres géants avec un budget ridicule comparé à de nombreux blockbusters américains. Un petit budget est caractérisé par de plus petits acteurs et peu de personnages. De ce fait on retrouve seulement un couple (ou presque) à l'écran, interprété par Whitney Able (nombreuses séries) et Scoot McNairy (Cogan, Argo). Alors qu'en est-il de ce premier film, essai transformé ou pétard mouillé ?


Une sonde de la NASA s'écrase au milieu de la forêt mexicaine, sauf qu'elle contenait des formes de vie extraterrestres. En quelques années, ces formes de vies se sont développées et adaptées à la Terre. Suite à quoi une grande zone entre les Etats-Unis et le Mexique (côté mexicain) est interdite aux humains, car très dangereuse. Un photographe est au Mexique, car il doit prendre des photos des catastrophés à cause des monstres, mais son patron lui demande de ramener sa fille aux Etats-Unis. Malheureusement ils ratent le dernier ferry qui pouvait les ramener et ils doivent alors passer au travers la zone pour retrouver leur maison...


Au niveau des acteurs rien à dire, l'un comme l'autre jouent très bien et l'alchimie du couple passe très bien à l'écran, ce qui est normal vu qu'ils sont en couple sur comme en dehors du tournage. Du coup les émotions sont très bien retranscrites et on se sent impliqué dans leur relation naissante. Parlons du seul point faible du film qui est le scénario. Il s'avère très simple et vite plié, mais ce n'est pas ce qui est intéressant ici. Il ne faut donc pas s'attendre à des rebondissements ou un scénario torturé, tout est dit dans le synopsis. Ce qu'on attend du film c'est son ambiance et autant dire qu'à ce niveau-là, tout est fait pour que l'ambiance soit exceptionnelle. Visuellement le film est une merveille. Les filtres appliqués à l'image rendent véritablement bien. Il suffit de regarder les images pour comprendre que rien que le visuel justifie le fait de voir Monsters. On sent la crasse du Mexique et de la forêt. De plus, certains plans sont parfaits, je trouve que la civilisation dépassée par la nature (le tank avec de la végétation dessus par exemple) rendent parfaitement bien. En parlant de visuel, je ne peux éviter de parler des monstres qui donnent leur nom au titre. Ils sont bien faits pour un film à petit budget, mais je critique plus leur aspect relativement banal si ce n'est mauvais. Le réalisateur avoue s'être inspiré des créatures des fonds marins, mais une pieuvre géante qui fait de la lumière n'a rien d'une créature extra-terrestre. Petit défaut, mais qui n'a pas de grande importance car on ne voit que très peu les monstres au final. Les musiques et les bruitages participent aussi fortement au sentiment de pression dans la zone interdite. Il ne faut donc pas s'attendre à un film de monstres à la Godzilla, mais plus un film sentimental avec des monstres en arrière plan, parce que, au final on sent leur présence tout au long du film sans pour autant les voir beaucoup avec la scène de fin. C'est une force du film que de s'être concentré sur les personnages et pas les gros monstres qui veulent tout détruire.


En conclusion, Monsters est un très bon film, d'autant que la qualité est plus que présente pour ce petit budget. Le film a tellement séduit, que Gareth Edwards s'est vu offrir les commandes de la prochaine adaptation de Godzilla, donc je l'attends de pied ferme s'il y met autant de coeur que dans ce film.
Note : 7.5/10